SCEAUX (92) - REVUES

S. GILLE-DELAFON
 "La Rénovation du domaine de Sceaux"
La Revue Horticole
1947, décembre, n° 2148, pp. 430-431
26,8 x 18 cm
Ham-Paris, collection Beaurain

***


" Il est rare qu'on n'ait pas à déplorer la perte des œuvres anciennes. Lorsque le fait se présente, il ne faut pas manquer de s'y arrêter. L'œuvre, cette fois, est celle de LE NOTRE, LEBRUN, PERRAULT, COYSEVOX. Elle est aux portes de Paris, c'est le parc du château de Sceaux.
En 1923, le département de la Seine acheta le château et le domaine. A ce moment, il ne restait à peu près rien du parc de LE NÖTRE. Le manque d'entretien l'avait transformé en forêt vierge ou plutôt en zone de fortifications ; de fâcheux abatages avaient malmené les arbres séculaires, tandis que l'herbe cachait le dessin des allées et que le lierre s'attaquait aux statues.
Il s'agissait là cependant d'une demeure célèbre. Commencé par COLBERT, le château fut terminé par son fils, le marquis de SEIGNELAY, mais il eut son heure de gloire surtout par la suite abritant la petite cour littéraire de la duchesse du MAINE, belle-fille de Louis XIV. Il fut alors témoin de fêtes splendides. Après il appartint au duc de PENTHIEVRE, puis, laissé à l'abandon, il tomba en ruines. Au XIXe siècle, le duc de TREVISE, descendant du maréchal MORTIER, alors propriétaire, le remplaça par une grande bâtisse du style Second Empire. C'est celle-ci qui subsiste encore.
Après l'acquisition par l'administration préfectorale de ce beau domaine si éprouvé, en 1923, une malencontreuse location ne permit pas tout d'abord de mettre à exécution le plan de mise en état. Il fallut attendre six ans pour pouvoir entreprendre les aménagements nécessités par la nouvelle destination de ce noble domaine. A ce moment, M. LE TROQUER s'intéressa à sa cause et un effort fut tenté par le Conseil général. Sous l'impulsion de M. MARTELOFF (sic), directeur des Services d'Architecture et des Promenades, les travaux de restauration commencèrent.
MM. AZEMA, Grand Prix de Rome, et DEMORLAINE,  conservateur en chef des Promenades, ayant retrouvé le plan de LE NOTRE, purent travailler à coup sûr.
Les premiers travaux consistèrent, à nettoyer le Grand canal long d'un kilomètre, qu'avait fait creuser le marquis de SEIGNELAY, et de refaire les berges ainsi que celles du bassin de l'Octogone. C'était rendre la vie à deux admirables miroirs d'eau.
On reconstitua en même temps les jardins qui s'étendaient derrière le château. Le premier effort permit de rouvrir une partie du parc au public. Dès ce moment, il put accéder dans le parc soit de la route d'Orléans par l'avenue aboutissant à la Cour d'honneur, soit de la rue Houdan, à proximité de l'église de Sceaux par l'avenue nouvelle desservant les parterres du pavillon de l'Aurore et de l'Intendance. Ainsi se trouvaient rendu au public notamment les berceaux du bosquet des Caprices où la duchesse du Maine avait fait placer les statues de la Bizarrerie, de la Légèreté et de l'Inconstance. Ces plantations si magnifiquement ordonnés sont peut-être les premiers marronniers  importés en France par LE NOTRE. A cet endroit, on se trouve dans l'axe de la Grande Allée de la Duchesse aux séculaires alignements de tilleuls et d'ormes dont le tapis vert a été replanté en lierre.
Dès ce moment la restauration de l'Orangerie avait été entreprise, la charpente fut rétablie en conservant la presque totalité des anciens bois, les murs remis en état.

(à suivre) "

***

Fig. 123.- Vue ancienne du Château de Sceaux (J. Rigaud, du côté de la Grande Avenue (Arch. photogr. d'Art et d'Histoire)

Fig. 124.- Devant le Château de Sceaux : pelouses et bassins. A droite, au fond, le coteau de la Terrasse de Robinson

Fig. 125.- Parc de Sceaux : l'Octogone.


Commentaire :

L'ultime mention de ce court article laisse entendre qu'une suite était initialement prévue dans les numéros suivants. Nous ignorons si cette suite fut finalement publiée. L'article est illustré sur une page en papier glacé insérée à la suite du texte.

Les illustrations montrent le domaine de Sceaux au XVIIIe siècle et au début de sa remise en état au XXe siècle, afin d'illustrer le récit centré sur les grandes heures de Sceaux et les premières années de son sauvetage par le Département de la Seine.

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SCEAUX DOMAINE REV26

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