SCEAUX (92) - REVUES

 


Raymond LÉCUYER
"Travaux dans le parc de Sceaux : terrains de sports et perspectives"
L'Illustration, 5 octobre 1940, n° 5091, p. 102-104
38 x 20,5 cm
Ham-Paris, collection Beaurain

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Contenu de l'article :

Devant le château de Sceaux, qui date du milieu du XIXe siècle, l'ordonnance des parterres
créés au [XVII]e siècle par le Nôtre a été partiellement restituée. Au-delà du bassin des Pintades
(au premier plan sur la photographie) s'étend un terrain bordé d'arbres indisciplinés : il sera
remanié : une perspective géométrique va être créée dans l'esprit de l'ancien plan

Au lendemain de l'armistice, les pouvoirs publics ont nettement aperçu la nécessité de mettre en train de grands travaux qui emploieraient la main d'œuvre disponible et apporteraient un avantage durable à la collectivité. Dans le programme qui a été esquissé immédiatement figurent de nouveaux aménagements du parc de Sceaux. Ceux qui ont suivi depuis 1928 la restauration du domaine créé par Colbert n'ont pas été surpris de la sollicitude des services d'architecture de la Ville de Paris et du département de la Seine pour une entreprise qui leur est chère à juste titre.
Il ne saurait donc être question, comme le public a pu le croire d'après quelques informations bien intentionnées mais imprécises, de modifier, ou encore moins de bouleverser le plan général de remise en état des célèbres jardins où survivent les traces du génie de Le Nôtre. Au surplus, la tâche la plus difficile et la plus coûteuse, a-t-elle été accomplie au cours des douze dernières années ; bassins, canaux, cascades ont été restitués ou reconstruits ; le pavillon de l'Aurore, les pavillons de l'Entrée d'Honneur, de l'Orangerie ont été restaurés et dégagés.

Vue, prise de la terrasse des Pintades, du Grand Canal, restauré en ces dernières années. Les
travaux en cours d'exécution ont lieu à l'ouest de ce canal (à droite sur la photographie).
Les terrains de sports qui vont être aménagés sont situés dans la plaine de Châtenay (au fond)

Les trois projets sur lesquels porte l'activité d'aujourd'hui sont plus modestes. L'attention du public a été attirée vers l'un d'eux : la préparation de terrains de sports. On s'est un peu trop hâté de parler d'édification d'un stade. Ce sont des installations de moindre envergure dans la réalisation, envisagée d'ailleurs avant 1930, a été entreprise tout récemment. Mais il est vrai qu'on s'est soucié de conserver quelques hectares bien situés à l'éducation physique des adolescents et des jeunes hommes.

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Plan du domaine de Sceaux, autrefois créé par Colbert, acquis par le département de la Seine en, 1923 et aménagé en promenade publique. Les travaux accomplis depuis 1928 ont porté sur la restauration, la reconstruction ou le dégagement des bâtiments, bassins, canaux et cascades que l'on distingue sur le côté droit du plan. Les travaux envisagés actuellement et dès maintenant entrepris intéressent les sections du parc situées à l'ouest du Grand Canal (donc côté gauche de la photographie). Ils ont trois objets : l'installation de terrains destinés à l'éducation physique de la jeunesse, la mise en valeur du pavillon de Hanovre, la restitution, dans l'axe du château, d'une perspective dite "le Tableau". -Azéma, archit.

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On distingue sur cette photographie, prise au téléobjectif du parterre du 
Caprice, le pavillon de Hanovre, transplanté naguère du boulevard des Italiens
à Sceaux. Il va devenir l'élément essentiel d'une composition axée sur le 
Petit Canal et le centre du bassin de l'Octogone

A l'ouest du Grand Canal, une des parties de la plaine de Châtenay les plus éloignées du château de Sceaux offre un aspect presque rustique, sans caractère déterminé. Ces terres seront remuées de manière à obtenir des niveaux rectifiés, propres à l'entraînement aux divers sports, notamment au rugby et au tennis. Un bâtiment très sobre de lignes offrira aux usagers les commodités de ses vestiaires, de ses douches, etc. Les sportifs pourront accéder au vaste enclos qui leur sera réservé sans traverser le parc. Ils y parviendront soit par la route nationale n° 186, qui va de Versailles à Choisy le Roi, soit par le chemin de grande communication n° 67, qui va de Sceaux à Fresnes.
Une des préoccupations des services d'architecture est de conserver aux jardins de Sceaux l'intégrité de leur ordonnance à la Française et d'éviter un solécisme discordant. Toutes les précautions sont prises pour que les plantations masquent ce que des terrains de sports et un édifice approprié offriraient, dans un tel décor, de modernisme trop inattendu.
Le second et le troisième projet sont précisément le complément logique de l'effort. fait jusqu'ici pour conserver au domaine son style classique.
On se rappelle dans quelles conditions le pavillon de Hanovre avait dû émigrer du boulevard des Italiens au parc de Sceaux. Un déménagement minutieux - pierre par pierre - et des soins patients avaient réussi à sauver ce délicat ouvrage, dont le rez-de-chaussée surtout avait été fort éprouvé par des transformations successives. Mais, planté dans un terrain inculte et qui, par contraste, paraissait quasi-sauvage, le bibelot architectural semblait étrangement factice et prenait une apparence d'inutile paravent. Maintenant il va devenir l'élément essentiel d'une composition qui est bien dans l'esprit des anciens créateurs du parc.
On sait que le château -dont on oublie la médiocrité depuis qu'il abrite le charmant musée de l'Île-de-France, ouvert en temps normal au public - domine des parterres et une vaste pièce d'eau : le bassin des Pintades. Par-delà ce bassin s'étend un terrain irrégulier et pittoresque qui s'achève en un bois dont les romantiques frondaisons ne laissent deviner ni aux regards ni à l'imagination les bornes du parc. Par fidélité au parti pris adopté on imposera une discipline à ce terrain fantaisiste et à cette végétation libertaire et on entreprendra de disposer là un espace gracieusement géométrique, de recomposer "le Tableau", que les révolutions et les caprices des hommes n'avaient pas respecté.

Projet de bâtiment qui sera bientôt édifié à l'intention des usagers des 
terrains de sports et qui comporte notamment un vestiaire et des douches


Du même coup, l'on rétablira l'amorce de la ci-devant "route des Princes", c'est-à-dire de cette "route des Parcs", dont il a été parlé ici à plusieurs reprises, qui assurera la liaison entre les magnifiques domaines nationaux de la région parisienne.

Plan d'aménagement des terrains d'entraînement de tennis, de
rugby, etc. On remarque le rond-point par lequel les sportifs accéderont
au vaste enclos qui leur est consacré, à l'intersection de la R.N. 186
et du G.V.C. 67.

Il n'est pas sans intérêt de préciser que tous ces grands remuements de terre seront effectués sans l'intervention d'engins mécaniques. Il a été prescrit aux entrepreneurs d'écarter ces moyens d'exécution afin de favoriser l'emploi du plus grand nombre possible d'ouvriers ; tout doit être fait à bras d'homme, par équipes qui ne travailleront que six heures de suite.

Photographies "L'Illustration" (Raymond Lécuyer) "

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